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A l’adolescence, la dépression à risque

A l’adolescence, la dépression à risque

La dépression : des éléments de définition

mais qu'est ce qui l'empêche de réussirLa dépression des adolescents doit être rapidement diagnostiquée afin de mettre en place le plus précocement possible une prise en charge qui le relance sur son projet de vie.

Jeanne Siaud-Facchin définit la dépression comme « l’aboutissement d’un processus qui conduit à perdre progressivement les bastions narcissiques sur lesquels nous sommes construits ». Un enfant ou un adolescent dépressif se sent désespérément nul, incapable de rien, sans possibilité de trouver une issue. La dépression bloque l’expression des capacités intellectuelles.

Un signe dépressif n’est pas pour autant un diagnostic. La dépression est une maladie complexe dont le diagnostic procède d’une investigation psychologique complète et qui ne peut s’établir à partir d’une simple hypothèse. Des moments dépressifs « normaux » sont inhérents au développement de l’enfant et de l’adolescent.

Jeanne Siaud-Facchin explique que la dépression peut prendre de multiples visages :

  • troubles du comportement (agressivité, opposition…)
  • inhibition (repli sur soi, isolement…)
  • troubles du sommeil (insomnies ou hypersomnies…)
  • somatisations (mal au ventre, problèmes de peau…)
  • troubles alimentaires (boulimie, anorexie…)
  • troubles de l’humeur (abattement, euphorie, désintérêt pour tout, excitation…)

Les manifestations de la dépression chez l’enfant et l’adolescent sont variées et peuvent être opposées.

Une dépression peut survenir brutalement en réaction à un événement douloureux de la vie (perte, deuil, séparation…) ou s’installer plus insidieusement.

Il est quelquefois préférable de s’inquiéter « pour rien » et de consulter un professionnel que de passer à côté d’une dépression authentique.

 

La dépression à l’adolescence : enjeux

Jeanne Siaud-Facchin écrit que l’adolescence est une période sensible à double titre :

  • c’est un moment de remaniement identitaire qui va déterminer la personnalité future.

A l’adolescence, il faut déconstruire pour reconstruire. On remet en cause les valeurs de l’enfance pour acquérir ses valeurs propres. On renonce à la dépendance affective pour accéder à l’autonomie.

  • c’est précisément le moment où on demande à l’adolescent de se déterminer sur ses orientations scolaires, sur ses choix

Ou pire encore, le moment où l’école ne lui laisse plus le choix…

Le passage à l’adolescence peut faire craquer les mécanismes adaptatifs mis en place par l’enfant dépressif.

La dépression toucherait près de 8% des adolescents en France (source : Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ?). On trouve 2 filles atteintes pour 1 garçon à l’adolescence. L’adolescent qui fait une dépression a un risque plus élevé de vivre un nouvel état dépressif au cours de sa vie (1 sur 3).

Une dépression n’est pas un présage d’échec pour la vie mais une entrave ponctuelle sérieuse au développement de l’adolescent.

Les dangers de la dépression chez les adolescents sont accentués par les conduites à risques dans lesquelles ils peuvent s’engager (comme la consommation de drogues ou d’alcool). Sous l’effet de ces substances, les ados se sentent mieux, soulagés de la détresse qui les obsède.

La consommation d’alcool ou de drogues peut aussi être une recherche de sensations fortes, de moments où les adolescents se sentent vraiment exister.

Les scarifications (qui accompagnent souvent la dépression adolescente) remplissent le même rôle : recherche de sensations, matérialisation de la souffrance.

Le suicide est la 3° cause de mortalité dans les monde des 10-19 ans (source : rapport OMS de mai 2014).

 

Quand s’inquiéter ?

Jeanne Siaud-Facchin donne quelques éléments :

  • l’analyse du comportement à la lueur de l’âge de l’enfant et du bon sens (un comportement considéré comme normal à un âge est pathologique à un âge différent)
  • le facteur durée (si un malaise perdure et que l’adolescent se coupe de son environnement pendant plusieurs semaines, il est sérieux de consulter)
  • le niveau de souffrance
  • des signes à l’école (échec scolaire, démotivation, refus de s’y rendre…)

 

Prise en charge à l’adolescence

Jeanne Siaud-Facchin reconnaît qu’il est difficile de trainer un adolescent qui va mal chez le psy. Une manière de lever les résistances peut être de proposer un bilan : il ne s’agit plus d’aller parler à un psy de ses difficultés mais de faire le point sur lui-même.

A l’adolescence, se comprendre est capital et un bilan offre cette possibilité : donner des clés pour mieux se comprendre, savoir sur quelles ressources compter et quelles fragilités renforcer.

L’enjeu primordial de la consultation va reposer sur une relation de confiance et d’authenticité entre l’adolescent et le professionnel consulté. Il s’agit d’imaginer ensemble des moyens de l’aider, de créer une solution nouvelle et unique adaptée au profil de cet ado là.

Une psychothérapie est avant tout une rencontre et un engagement réciproque. Jeanne Siaud-Facchin estime que les adolescents ont le droit de choisir le professionnel qui va les accompagner et de s’arrêter chez celui chez qui ils se sentent vraiment bien.

Cela ne signifie pas qu’il faut errer de psy en psy avec l’illusion que tout va s’arranger en changeant de psy, ni qu’une prise en charge longue est forcément inefficace. Mais cela signifie qu’on peut faire confiance aux adolescents s’ils expriment que le professionnel choisi ne lui correspond pas.

 

 

Pour aller plus loin : Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ? de Jeanne Siaud-Facchin.

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